written by
Amaury Gerard

Employeurs et travailleurs, changez vos habitudes de mobilité!

Mobility Fundamentals 6 min , May 20, 2020

La crise que nous traversons est sans pareil dans l’histoire de notre société. Chaque jour, nous constatons un peu plus son impact sur notre économie qui s’en trouve ébranlée. Il est bien sûr encore trop tôt pour dresser un bilan, mais il est certain qu’elle laissera une trace indélébile sur nos entreprises. Celles qui en sortiront plus fortes seront celles qui en profiteront pour s’adapter et revoir leur manière de fonctionner. Et cela passera aussi par la mobilité. Comme l’aurait dit Churchill, “Never let a good crisis go to waste”...

La mobilité au centre du changement post-covid

Vous n’y avez pas échappé, depuis le début du confinement, nous avons tous dû revoir notre manière de nous déplacer. En ce début de printemps, ce sont les joggeurs et le vélos qui ont fleuri sur nos routes. La startup Cowboy a vu une augmentation de 230% de ses ventes de vélos électriques et le service de vélos partagés Billy Bike a enregistré deux fois plus de trajets. On peut raisonnablement penser que cette nouvelle flamme du Belge pour le vélo ne va pas s’éteindre complètement lors du retour à la normale.

Un autre changement notable, plus profond et plus fort, est l’obligation de travailler de chez soi. Ou quand le plus grand impact sur la mobilité est de devenir...immobile! Longtemps boudé par les employeurs qui le pensaient impossible dans la pratique ou même improductif, tout le monde a dû s’y mettre. Côté employeur, on a pu voir ses plus grands détracteurs changer d’avis. Comme par exemple Fabien Pinckaers d’Odoo qui a opéré un virage à 180° sur la question, en passant de détracteur à supporter. Côté employé, on apprend que 94% des travailleurs qui ont découvert le télétravail se disent prêts à le pratiquer à l’avenir.

On serait tenté de croire qu’il s’agit là d’effets modes qui s’estomperont lors du - tant attendu - retour à la normal. Après tout, aussi bien le vélo que le télétravail existaient avant le COVID-19. Pourtant, certains indicateurs nous permettent de croire qu’il s’agit d’un véritable changement...

La preuve empirique que c’est possible

Par la force des choses, cette crise nous a montré qu’il était possible (et même souhaitable) de bouger différemment:

Plus sainement: bouger, dans le sens physique du terme, c’est bon pour nous et notre corps.

Plus intelligemment: ne bouger que si cela est nécessaire, et en prenant en compte toutes les contraintes (temps, nécessité, impact et même plaisir).

D’une manière plus respectueuse de l’environnement: bouger de manière green pour réduire son empreinte.

Ce changement des mentalités s’est matérialisé dans l’enquête Mo’vid-19 d’Espaces-Mobilités. En effet, on y apprend que 42% des interrogés pratiqueront plus de télétravail qu’avant la crise. Après avoir pu y goûter, ils sont également 79% à être favorables à la promotion et l'accompagnement du télétravail. C’est loin d’être anecdotique.

Les employeurs eux aussi ont été forcés de réaliser que le télétravail, qui leur faisait tellement peur, est finalement une manière rationnelle de contrôler ses coûts et de favoriser l’épanouissement de ses travailleurs. L’idée fait son chemin.

La mobilité flexible est une autre réalité qui s’est imposée de fait dans les deux camps. 43% des sondés déclarent qu’ils vont changer leur mobilité, principalement au profit des solutions de mobilité douce. Quand le CEO de Proximus poste sur Linkedin une photo de son emplacement de parking où trône fièrement son vélo de société, on comprend que cette crise va accélérer la prise de conscience dans le monde des entreprises.

Une nouvelle mobilité, mais comment?

Le vélo, le nouvel incontournable

On l’aura compris, le vélo est le grand gagnant au sortir de cette crise. Les sondés de l’enquête Mo’vid-19 sont 34% à déclarer qu’ils utiliseront plus souvent un vélo ou une trottinette comme moyen de locomotion.

La tendance était déjà présente avant l’apparition du virus, mais va s’accélérer. En entreprise, les sociétés de location et de leasing de vélo comme Cyclis, Cycle Valley ou Joule ont le vent en poupe. Ce sera certainement la tendance à suivre de près.

La mobilité flexible

Une mobilité flexible est une mobilité qui s’adapte aux besoins réels de son utilisateur. 22% des personnes interrogées sont prêtes à moins utiliser leur voiture après la crise, et 9% pensent qu’ils ne l’utiliseront plus du tout. En effet, le règne de la voiture de société commence tout doucement à s’effriter. Avec des solutions comme Skipr, Modalizy ou Olympus, la multimodalité (la combinaison harmonieuse de différents moyens de transport) prend tout son sens. Ou encore Alphacity ou MyMove qui permettent aux employés d’utiliser un véhicule de la flotte de leur employeur uniquement quand ils en ont besoin. Il faudra cependant faire attention à redonner confiance au citoyen dans la sécurité sanitaire des transports en commun et des transports partagés. On peut s’attendre à ce que cela prenne encore un peu de temps.

Une réorganisation des dimensions espace-temps

Une ville sans embouteillage et des transports en commun désengorgés… Il s’agit probablement des seules choses qui nous manqueront après le confinement. Mais cela n’est pas une fatalité. Le monde des entreprises peut certainement y contribuer en favorisant la flexibilité de ses travailleurs. L’équation est simple: en permettant aux employés d’organiser leur journée différemment, ces derniers étalent leurs déplacements sur une journée (la dimension temps), lissant leur occupation de l’espace et des transports publics (la dimension espace). Cela deviendra une nécessité afin de pouvoir respecter les règles de distanciation sociale qui vont perdurer.

Profiter du momentum

La mobilité est à un tournant et la crise force les entreprises à revoir leur organisation du travail et leur offre de mobilité pour des travailleurs qui voient qu’un changement est possible. La mobilité flexible deviendra la norme et ceux qui pourront l’anticiper en tireront le plus grand avantage. Le budget mobilité va notamment dans ce sens et va attirer plus d’employés à la recherche d’alternatives. Des solutions comme mbrella permettent d’instaurer ces nouvelles Mobility Policies, plus flexibles et plus intelligentes, et aideront le monde de l’entreprise à réussir cette transformation.

Sur le long terme, des décisions politiques plus globales devront être prises pour assurer la transition. Le monde politique, trop occupé pour l’instant à contenir cette crise, ne pourra pas nier l’appel du pied des employeurs et des travailleurs pour une nouvelle mobilité. Un des enjeux sera notamment de veiller à ce que cette nouvelle mobilité ne soit pas que l’apanage des grandes villes.

Cet article est une opinion d’Amaury GERARD, CEO de la plateforme HR de mobilité flexible mbrella.

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